Body&Soul : la légende new yorkaise
Alors que la soirée Body&Soul débarque pour la seconde fois à Paris au mois de juin, nous avons décidé de revenir sur l’une des fêtes les plus emblématiques de New York.
Body&Soul avec son trio de DJs légendaires, Danny Krivit, Francois K et Joe Claussell, se place dans la lignée du Loft de David Mancuso, du Gallery de Nicky Siano ou encore du Paradise Garage de Larry Levan. Les soirées qui ont façonné l’underground new-yorkais. L’aventure débute en 1996 à l’initiative du plus new-yorkais des djs français François Kevorkian et de John Davis, jeune promoteur anglais arrivé dans la ville un an plus tôt.
Tout juste débarqué de Londres, John, consultant en informatique découvre la vie nocturne new-yorkaise « je me suis dit super, je vais vivre à New York, la Mecque de la house music… je suis allé dans chaque club et j’ai été très déçu. La seule soirée que j’ai aimée était la ‘Underground Network’ au Sound Factory Bar. ». Il décide alors de se lancer avec un brun de naïveté dans l’organisation d’une soirée dans l’upper east side quand tout se passe downtown… Résultat, sa première soirée est un désastre. C’est en visitant le club Vinyl, downtown, qu’il décide de retenter l’expérience, il pense alors à une soirée le dimanche après-midi « j’y suis allé lors de ma pause-déjeuner, en costume cravate, j’ai dit j’aimerais bien essayer un dimanche après midi, le patron m’a répondu ‘Tu es fou ?’ mais il m’a donné le club.».
Un de ses amis lui suggère de contacter François Kevorkian. DJ et ami proche de Larry Levan, producteur disco dans les 70 pour le label Prelude puis New Wave dans les années 80. Il avait collaboré ensuite avec des groupes tels que les Pet Shop Boys, Eurythmics, The Cure et U2, mixé l’album Violator du groupe Depeche Mode, et fondé son label, Wave Music en 1994. Ils appellent leur soirée ‘Body&Soul’, c’est l’été 1996, la légende est en marche.
Francois K propose à Danny Krivit, pionnier de la disco et considéré comme le roi de l’edit, de partager les platines avec lui avec comme argument, c’est une soirée qui dénote, il n’y a pas de pression, c’est pour se faire plaisir. Danny Krivit avait fait ses premières armes en tant que DJ lors des soirées ‘Loft’ de David Mancuso, puis aux côtés de son ami Larry Levan au Paradise Garage. Ensemble, ils vont voir Joaquin ‘Joe’ Claussell, jeune dj prometteur qui vient de lancer son label ‘Spiritual Life’, et qui fait sonner les nouveautés comme personne chez ‘Dance Tracks’, le disquaire d’east village où il travaille. Ils lui proposent de former le trio.
Un autre membre beaucoup moins connu mais tout aussi indispensable est Ariel. L’orfèvre de la lumière fait partie intégrante de la magie Body&Soul. Tel un DJ derrière sa console, il créé une atmosphère visuelle unique à chaque soirée.
« pas d’alcool, pas de guest-list, pas d’espace VIP, même les célébrités qui veulent y participer payent leur entrée »
La soirée est un pari, le concept est unique et va à l’encontre des codes du clubbing traditionnel: pas de guest-list, pas d’espace VIP, même les célébrités qui veulent y participer payent leur entrée, pas d’alcool. Les débuts sont difficiles. Afin de travailler sereinement sans être soumis à la pression du club, ils le louent… quitte à perdre de l’argent. Les premières éditions réunissent peu de monde, mais la vibe est là, et le bouche-à-oreille se met en place. C’est un hommage à Larry Levan qui lance définitivement la soirée, la suite est simple durant 6 ans plus de 1000 personnes viendront se déhancher chaque dimanche sur le dancefloor du Vinyl.
Boule à facette, ballons, le décor est planté, la complémentarité des trois djs associée à l’efficacité d’Ariel fait que la soirée devient tels ses illustres prédécesseurs (Paradise Garage, Gallery ou encore le Loft) un lieu où les classes sociales se melangent au son de l’underground dance music new-yorkaise, entre classic disco, chant gospel, rythmes souflul, et nouveautés deep house ou encore techno, c’est un véritable melting-pot musical qui fait danser les gens de tous bords, hétéros, gays, noirs, hispanics, blancs, juifs, musulmans, chrétiens… ici les étiquettes s’effacent au profit d’un message d’universalité et d’amour sur le dancefloor.
Le succès est phénoménal, outre les nombreuses compilations qui sortent sur le label Wave Music, les performances d’artistes live s’enchaînent à la soirée : Jocelyn Brown, Incognito, Eddie Palmieri, D-train, Kenny Bobien, Julie Mc Knight, Byron Stingily, Lee John chanteur d’Imagination, Jephte Guillaume… Malheureusement le rendez-vous hebdomadaire prend fin en 2002 lorsque le bâtiment abritant le Vinyl est vendu pour être transformé en un immeuble de luxe.
Dès lors la soirée se transforme en un événement éphémère voyageant aux quatre coins du globe (Tokyo, Madrid, Lisbon, Londres, Rio, Los Angeles, Singapour…) avec des retours marquant à NYC, notamment à Central Park Summer Stage où ils réunissent plus de 10 000 clubbers ou encore à PS1, l’antenne du Moma à brooklyn, pour fêter ses 10 ans. Ces dernières années, c’est le plus souvent au Webster Hall que les trois donnent rendez-vous aux danseurs new-yorkais. La France n’est pas en reste, Body&Soul est venu une première fois à Marseille, puis lors de deux éditions du festival les Nuits Sonores à Lyon, mais aussi à la Gaîté Lyrique (Paris) et au festival les Plages Electroniques de Cannes.
Danny, Francois, et Joe nous donnent rendez-vous le 19 juin prochain à Paris au club l’Electric pour une nouvelle édition de cette fête légendaire. On y sera, et vous ?
sources : Body&Soul
New York Nightlife
Tags: Body&Soul Danny Krivit François Kevorkian Joauin Joe Claussell